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le mystere du christ

AVENT
Résumé de l’homélie dominicale

Chers fidèles,
Nous avons commencé la nouvelle année liturgique. L’Église nous propose de raviver notre foi en contemplant le mystère de l’Incarnation pour nous préparer à la fête de Noël. Et comment donc s’y préparer? Il faut observer comment ce Mystère s’est opéré. Notre-Seigneur Jésus-Christ a pris chair dans le silence, le froid et la nuit. Entrons dans le silence pour L’écouter. Les brumes de l’automne, puis le froid de l’hiver nous acheminent naturellement vers l’humble étable de Judée où l’Enfant-Dieu naquit. Il faut cette année encore qu’il naisse – ou renaisse – dans nos cœurs par les sacrements et la prière. La méditation des mystères de Noël transformera petit à petit, année après année, notre cœur.
Venez, Seigneur-Jésus, régnez dans nos cœurs!

NEUVAINE DE PRÉPARATION À NOËL

Se préparer à Noël … avec un franciscain … cardinal

Face à la misère du monde, comment se préparer à fêter la naissance de notre Sauveur dans la joie. Y aurait-il dans les réjouissances de Noël comme un parfum d’hypocrisie ?

Réserver le mi-cuit périgourdin et trouver le blanc qui lui conviendra ne formeraient que de futiles préoccupations qui nuiraient à la préparation sérieuse que requiert la célébration de la Nativité de Notre-Seigneur.

Le Fils de Dieu s’est fait homme, et homme pauvre. Cette pauvreté divine semble interdire tout faste humain. Dieu impose à l’homme le dénuement qui est d’ailleurs le lot d’une bonne part de l’humanité, misère que l’on nous présente à une cadence dont la frénésie est la conséquence des nombreux moyens de communication que notre société développe.

Ainsi, faut-il se forger une vertu nouvelle afin de ne point nous habituer au spectacle macabre qui nous porterait à désespérer si nous le regardions vraiment.

Le Christ, Lui, ne s’est point contenté, du haut des cieux, de critiquer ce théâtre avec toute la distance qui sied au juge. Le Fils de Dieu a embrassé l’humanité dans la pauvreté.

Alors, regardons-la vraiment, cette horreur lointaine, que cause la guerre un peu partout, même dans la Terre qui fut promise puis sanctifiée par le Divin Enfant, cette gêne toute proche, que cause notre négligence dans les familles déchirées et la société impie.

Ce deuxième vendredi de l’Avent, le prédicateur de la Maison pontificale a choisi de relater une de ces anecdotes de mission qui rend une certaine consistance à la méditation du mystère de l’Incarnation que nos charmantes crèches, depuis celle de saint François à Greccio, ont peut-être rendue un peu facile.

Le franciscain missionnaire aperçut, raconte-t-il, un enfant malade dont le corps à la fois maigre et gonflé lui manifesta ce qu’est l’Église : le Christ, seul Chef d’un seul Corps. La maladie de cet enfant était aussi sa maladie selon la logique de l’Incarnation.

La pauvreté que je constate est ma pauvreté et j’en souffre, quoique sous un autre mode que celui qui la subit. Mais j’en souffre et je peux aussi la vivre, non seulement par un geste concret mais surtout par la conscience du lien profond qui unit les baptisés, union forte que préfigure l’unité du genre humain.

Les classes thibériennes, en cette fin d’année, ont eu à réfléchir sur la solidarité au moyen d’un outil à la mode, le sondage. Elles ont eu le courage de passer à la question un séminariste qui leur fournit une réponse pédante de mauvais latiniste : une réflexion étymologiquement douteuse de l’inexplicable locution in solidum

Je serai donc solidaire de leur enquête de noël laïc, peu fier de mon ellipse de réponse mais trop orgueilleux pour liquéfier la solidarité dans la gentillesse.

À l’évidence, il y a un lien entre le pauvre et le riche. Si l’on peut froidement qualifier d’intérêt celui du pauvre envers le riche, celui du riche envers le pauvre relève plus noblement du devoir. La solidarité serait ainsi réduite à un simple transfert de celui qui donne à celui qui reçoit, excluant tout réel commerce. Simplement responsable, le solidaire dispense son bien sans rien recevoir.

Or le Pauvre Enfant, dans son étable obscure, vient tout nous donner. Et nous, comme les bergers, nous allons arriver le soir de Noël les mains vides devant Jésus. En effet, nos aumônes, nos cadeaux, nous vêtements chauds pour veiller dans le froid forment-ils ce tout solide qui nous lie au point de nous rendre vraiment solidaires ?

Non, si nous allons tous nous rendre à Bethléem, dans la nuit et le froid, c’est bien parce que ce Pauvre Enfant est toute notre humanité. Liés par notre chair et par l’esprit qu’Il nous a donnés et qu’Il a pris, c’est parce que nous sommes fils d’Adam que nous devons adorer le Nouvel Adam, Dieu fait homme qui nous sauve !

La logique de l’Incarnation n’est pas une simple inversion des rapports que nous observons habituellement avec nos yeux de chair, une dialectique révélant que c’est le pauvre qui donne au riche qui, lui, reçoit.

En fait, cette logique incarnée réalise complètement la solidarité : pauvre et riche donnent et reçoivent selon leur état. Ô l’admirable échange ! L’homme donne son travail dérisoire et reçoit de Dieu le salut qu’il n’espère parfois même plus.

C’est pourquoi, la fête de Noël doit aussi être belle, les hommes offrant à Dieu des choses simples, humbles et concrètes selon sa nature. Nous rendons à Dieu les hommages que nous pouvons par nos chants, par la joie de fêter ensemble le début de notre salut, par notre générosité, par l’acceptation des épreuves et des malheurs qui jalonneront tout notre pèlerinage en cette vallée de larmes.

Cette générosité, que le Christ nous demande comme Il l’a demandée par Sa Mère et saint Joseph aux habitants de Judée, est la marque, heureusement tenace, du christianisme. En effet, même s’il semble disparaître, l’esprit du Christ a tant marqué notre société que cette générosité est comme un devoir pour tous quand l’année se termine. Redoublons, nous chrétiens, en cet Avent qui s’achève, notre ardeur à faire le bien, donnant l’exemple à ceux qui ignorent le Christ, prenant l’exemple de ceux chez qui la charité se voit plus que la foi afin que notre témoignage atteste que la source de tout bien n’est pas dans nos effort mais dans le Christ.

Il reste neuf jours avant la grande nuit. La fête que nous préparons sera belle et sincère. Que la pauvreté assumée par le Christ purifie et libère notre esprit des distractions, richesses inutiles de notre imagination. Nos préparatifs, élevés par la prière, se distingueront de nos besognes ordinaires. Les bons repas et les cadeaux ne seront pas ceux de nos anniversaires qui déguisent gaîment le simple temps qui passe mais nous feront goûter l’image de la joie qui sera, nous l’espérons, la nôtre, quand le temps aura pris fin.

Venez chanter avec nous à 21h00 avec les prophètes Malachie et Zacharie :

Réjouis-toi fille de Sion, tressaille de joie fille de Jérusalem : voici que le Seigneur va venir et il paraîtra ce jour-là une grande lumière !

Regem venturum Dominum, venite adoremus

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